Commentaires sur l'enregistrement des neuf symphonies de Beethoven - D'après une conversation avec Rafael Kubelík

Une vie avec Beethoven - sans doute tout chef pourrait utiliser ce titre pour son autobiographie, comme tout pianiste s'est investi dans les 32 sonates de sa jeunesse à la fin de sa vie. Votre perception de Beethoven a-t-elle changé avec les années ?

Kubelík: On peut répondre par oui ou par non. Je suis entré en contact avec cette musique il y a bien longtemps. Enfant, je persuadai mes parents de me donner la partition des symphonies - en partition de poche Eulenburg. J'étais capable de lire la musique avant même de savoir écrire ou compter. Je lisais les partitions dans mon lit ou sous mon pupitre à l'école... Les premières impressions furent très fortes et le sont toujours resté, sans s'être réellement altéré. C'est un des problème insoluble de son existence : on cherche la nouveauté, on veut se développer, acquérir de l'expérience, toujours relire les partitions d'un œil neuf, se plonger dans l'étude du compositeur et de son œuvre - mais la première impression reste. C'est cette impression qui crée une image du compositeur en nous, seulement à travers la musique " muette " de la partition, à un stade où on ne connaît rien de la personne qui a écrit cette musique. Cela paraît étrange, mais l'est-ce vraiment ? Sa première impression est ainsi généralement confirmée par des lectures et des écoutes répétées, par la pratique solitaire de cette même musique et l'étude de la vie du compositeur : l'impression est approfondie et enrichie, mais la première image reste toujours.
Klaus Adam (translation: John Coombs ) Traduction : Thierry Vagne

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